L’invité « surprise » de NCA environnement était donc Christophe PROFIT, une légende vivante dans le milieu de l’alpinisme français et un guide d’exception.
Originaire de Normandie, il fait connaissance avec la montagne grâce à ses parents et débute l’escalade à 16 ans. En 1980, il effectue son service militaire à Chamonix et obtient quelques années plus tard son diplôme de guide de haute montagne. A ce jour, il totalise 11 ascensions de la face Nord de Eiger, dont la légende de l’alpinisme autrichien Heinrich Harrer, qui réalisa la première ascension de la face nord de l’Eiger en 1938, disait qu’un « homme qui en ferait deux fois l’ascension n’existe pas et n’existera sans doute jamais ».
En 1985, il débute ses trilogies avec l’enchainement estival des trois grandes faces nord des Alpes : Cervin, Eiger, Linceul aux Jorasses dans la journée, puis recommence en 1987, mais en hiver en moins de 40 heures.
Le 15 août 1991, ascension du K2 avec Pierre Béghin, l’hymalayaliste. Le K2 est le second sommet le plus haut du monde (8611 m), réputé bien plus difficile que l’Everest. Seuls 302 alpinistes ont atteint le sommet contre plus de 5000 pour l’Everest. Plus de 70 personnes ont trouvé la mort sur ses pentes.
L’équipe de NCA environnement ne pouvait rêver mieux que ce Grand Homme de la montagne pour présenter et développer les valeurs qu’elle partage avec un alpiniste de haut niveau : la passion, la détermination, l’envie qui conduit à se réinventer constamment. Après 30 années de montagne, Christophe a découvert les trois points essentiels qui constituent la base de sa vision de la montagne, mais aussi de sa vie : sortir de sa zone de confort, se faire confiance et tracer sa route, composer avec la montagne.
Sa phrase clé, c’est celle de René CHAR: « Impose ta chance, sers ton bonheur, va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. ». Tout le contraire de l’immobilisme actuel souvent imposé par l’absurdité du principe de précaution, qui invite à la suspicion à l’encontre de tous ceux qui entreprennent, en faisant passer le risque virtuel en risque réel. Le principe de précaution tue l’initiative, contrairement à la vigilance qui aurait été plus appropriée.
Christophe PROFIT (en vert), Philippe BOUTEILLER et une partie de l’équipe NCA
D’une rare humilité, malgré tous ses exploits, Christophe PROFIT, est curieux de tout et lors des visites d’entreprises de NCA et d’APE, s’intéresse aux hommes qui font tourner ces entreprises, à leur concentration et à la minutie qu’ils développent dans l’exécution de leurs tâches.
Même descendu dans la plaine, Christophe ne rêve qu’à ces montagnes. Quand il en parle, la passion transforme son visage et son regard et le porte hors de portée de son interlocuteur. Son bonheur de vivre, c’est d’être sur les sommets et de faire découvrir à ses voyageurs l’ivresse qu’ils procurent. Il se donne l’exigence de leur faire ce plaisir, en les faisant passer par les voies les moins fréquentées pour leur faire profiter de paysages uniques, quitte à adapter la course et la progression si le temps ne s’y prête pas. C’est ce qui fait de Christophe PROFIT un homme et un guide d’exception.
Christophe PROFIT et Philippe BOUTEILLER
Interview de Christophe PROFIT
Par Philippe BOUTEILLER
« Si je suis dans un passage délicat, je me dirai qu’il n’est pas si difficile que cela par rapport à votre métier »
Christophe, vous êtes venu comme invité d’honneur à l’occasion du 25ème anniversaire de NCA. Que retirez-vous de cette visite ?
Christophe Profit : Cela fait du bien de trouver des gens qui se donnent un devoir d’exigence et en même temps qui sont animés par la passion. Ce qui m’a marqué, c’est que chaque collaborateur mette tout en œuvre pour que ce soit bien fait, et cela quel que soit le domaine d’activité. Les points communs avec la montagne, c’est que pour réussir et progresser, il faut être jeune et humble, pour atteindre un objectif. Je n’ai pas rencontré dans votre entreprise, de gens qui se vantaient d’avoir tout vu ou tout fait. C’est essentiel, car la vie est une évolution permanente.
Christophe PROFIT
P.B : Vous intervenez habituellement dans de grosses entreprises. Qu’est ce que vous avez trouvé de différent à NCA ?
C.P : La différence fondamentale est que je suis rentré chez NCA et que vous m’avez fait visiter votre entreprise ce qui n’arrive habituellement jamais. J’ai eu alors l’impression d’entrer un peu dans votre histoire, que tout était plus concret. Dès lors, les discussions étaient plus approfondies. Aussi, il est né entre nous un grand respect mutuel. J’imagine mieux quelle dose de travail il vous a fallu pour en arriver là. En fait, il y a une très grande similitude avec mon parcours, c’est la somme de travail qu’il a fallu et qui ne se voit pas.
Je ressens aussi beaucoup de calme et d’humilité chez vous. C’est une forme de sagesse. Le calme est nécessaire en montagne pour parvenir à une maîtrise de soi et je vois cela aussi ici. Les valeurs sont là.
De quelles valeurs au juste parlez-vous ?
C.P : L’excellence, philosophie de vie et de survie, est aussi une valeur essentielle qui a pourtant de plus en plus tendance à céder le pas au business.
La visite de NCA et d’APE, entreprises voisines dont les activités sont très différentes, montre la confiance qui existe entre les dirigeants et leurs collaborateurs. Les cordées me semblent très solides et permettent de passer des caps difficiles.
Les points communs entre ces deux entreprises sont les valeurs des dirigeants, le souci de bien faire, d’innover et de prendre des risques.
Comme moi en tant que guide, vous pourriez prendre les voies les plus simples, mais c’est sans intérêt. En sortant des chemins battus, vous suscitez l’intérêt, la créativité et au final vous répondez mieux à l’attente de vos clients. Pour eux, il faut tout donner, trouver le meilleur passage et prendre la décision. Les gens attendent cela de nous.
En fait Christophe, en devenant alpiniste avec tous les risques que cela comporte, vous avez assumé votre liberté ?
C.P : C’est exact, mais j’ai aussi atteint le bonheur. Pour moi, le bonheur c’est très concret. Je dis toujours : « Si tu veux être heureux, sois-le. » Le bonheur dépend de soi, pas d’autres. Moi, j’en ai défini les contours en assumant mon parcours. Le Mont Blanc retentit sur ma vie, sur mes enfants, ma famille. C’est un tout.
Christophe, vous avez beaucoup escaladé. A quoi aspirez-vous aujourd’hui ?
C.P. : J’aimerais refaire la trilogie Jorasses, Eiger, Cervin en qualité de guide. Evidemment, je suis moins jeune, mais je pense que l’expérience peut compenser la diminution physique. Je suis plus conscient qu’avant, je prendrai moins de risque et trouverai, je pense, les solutions de manière innée. Pour voir un coucher de soleil aux sommets, il faut le gagner, même si c’est beaucoup de travail. Le travail n’a pas aujourd’hui la place qu’il mérite.
Qu’emporterez-vous de votre passage chez NCA ?
C.P. : Tout d’abord, je n’ai jamais approché aussi intimement les similitudes qui existent entre le travail et les responsabilités d’un dirigeant d’entreprise et mon métier. Je vais me sentir bien en retournant là haut. A un moment donné, je vais me retrouver sur mon glacier et je vais penser à faire au mieux. Et si je rencontre un passage délicat, je me dirai qu’il n’est pas si difficile que cela par rapport à votre métier.