L’hydraulique urbaine : comprendre le zonage d’assainissement des eaux usées et pluviales

Qu’est-ce que l’hydraulique urbaine et le zonage d’assainissement ?

L’hydraulique urbaine constitue un domaine fondamental de l’aménagement territorial qui se concentre sur la gestion des flux d’eau en milieu urbain. Ce secteur englobe notamment la collecte, le traitement et l’évacuation des eaux usées ainsi que l’accueil, l’infiltration au plus près du point de chute et la valorisation de l’eau de pluie.

Face aux défis climatiques actuels et à l’imperméabilisation croissante des sols, la maîtrise de l’hydraulique urbaine est devenue un enjeu majeur pour les communes et intercommunalités.

Le zonage d’assainissement représente l’outil réglementaire qui permet aux collectivités de définir, sur leur territoire, les modalités de gestion des eaux. Ce document stratégique délimite les zones relevant de l’assainissement collectif et celles concernées par l’assainissement non collectif en ce qui concerne les eaux usées.

Le zonage des eaux pluviales précise quant à lui les secteurs où des mesures doivent être prises pour limiter l’imperméabilisation des sols et les modalités de gestion des eaux de pluie.

Il s’agit donc de deux documents distincts nécessitant pour leur élaboration des compétences distinctes de nos équipes quand bien même leur dénomination laisserait penser à des études proches. Leur point commun réside principalement dans le fait que ce sont des documents opposables – après passage en enquête publique – qui accompagnent le PLU(i) et façonne durablement les stratégies locales de gestion de l’eau.

Le cadre réglementaire du zonage d’assainissement

Le zonage d’assainissement s’inscrit dans un cadre législatif précis, principalement régi par le Code Général des Collectivités Territoriales et le Code de l’Environnement.

Selon l’article L.2224-10 du CGCT, les communes ou leurs établissements publics de coopération doivent délimiter :

L’élaboration du zonage nécessite une étude approfondie et doit faire l’objet d’une enquête publique avant son approbation. Une fois validé, ce document devient opposable et doit être annexé au plan local d’urbanisme (PLU) de la commune.

Les différents types de zonages d’assainissement

Ce zonage détermine les secteurs où les habitations doivent être raccordées au réseau public d’assainissement (zones d’assainissement collectif) et ceux où les propriétaires doivent mettre en place et entretenir des installations individuelles (zones d’assainissement non collectif).

Dans les zones d’assainissement collectif, le raccordement au réseau est obligatoire dans un délai de deux ans après sa mise en service. La collectivité assure alors la collecte, le transport et le traitement des eaux usées, ainsi que potentiellement leur RÉUTilisation.

Dans les zones d’assainissement non collectif, les propriétaires doivent équiper leur habitation d’un dispositif conforme à la réglementation en vigueur. Le Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) est chargé du contrôle obligatoire de ces installations.

Ce zonage identifie les secteurs où des mesures doivent être prises pour :

  • Limiter l’imperméabilisation des sols
  • Maîtriser le débit et l’écoulement des eaux pluviales
  • Prévoir des installations de collecte, de stockage et de traitement des eaux pluviales

Il s’agit d’un outil essentiel pour prévenir les inondations et réduire la pollution des milieux aquatiques. Le zonage des eaux pluviales peut imposer des techniques de gestion à la parcelle, comme l’infiltration ou la rétention temporaire.

Les communes et leurs groupements jouent un rôle central dans l’élaboration et la mise en œuvre des zonages d’assainissement. Elles sont responsables de :

  • L’élaboration du dossier de zonage, incluant une étude technique et financière,
  • L’organisation de l’enquête publique (NCA Environnement dispose de toute l’expérience nécessaire pour accompagner les collectivités sur cette phase),
  • L’approbation du zonage par délibération,
  • L’intégration du zonage dans les documents d’urbanisme,
  • La mise en place et la gestion du service public d’assainissement (collectif et non collectif).

Les collectivités peuvent transférer tout ou partie de ces compétences à un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) ou à un syndicat mixte. Ce transfert peut permettre une gestion plus cohérente à l’échelle d’un bassin versant et une mutualisation des moyens techniques et financiers.

Les étapes d’élaboration d’un zonage d’assainissement

La réalisation d’un zonage d’assainissement suit plusieurs étapes clés :

  • Étude préalable : analyse de l’existant, des contraintes techniques et environnementales
  • Élaboration des scénarios : proposition de différentes solutions / règles
  • Choix du scénario : sélection de la solution la plus adaptée sur les plans technique, économique et environnemental
  • Rédaction du dossier de zonage : cartographie des zones et justification des choix
  • Enquête publique : consultation de la population
  • Approbation : délibération de la collectivité
  • Intégration dans les documents d’urbanisme : annexion au PLU

Cette démarche nécessite une concertation avec l’ensemble des acteurs concernés : élus, services techniques, habitants, agriculteurs, industriels, etc.

Face aux défis du changement climatique et de l’urbanisation croissante, de nouvelles approches émergent en matière d’hydraulique urbaine tout comme le retour aux solutions les plus intuitives:

  • Techniques alternatives de gestion des eaux pluviales = alternatives au tout-tuyau
  • Noues végétalisées : fossés peu profonds et larges qui recueillent temporairement les eaux de ruissellement
  • Toitures végétalisées : toits recouverts de végétation qui absorbent une partie des précipitations
  • Chaussées à structure réservoir : revêtements poreux qui permettent l’infiltration des eaux pluviales

Ces solutions, souvent regroupées sous le terme de « gestion intégrée des eaux pluviales« , visent à limiter le ruissellement et à favoriser l’infiltration au plus près du point de chute de la pluie. Surtout, plutôt que de limiter un espace à une fonction, par exemple une parcelle pour un bassin pour uniquement infiltrer de l’eau de pluie, elles invitent à accueillir l’eau dans des zones à vocation récréatives, culturelles, dédiées à la biodiversité pour ne faire de la gestion qu’une composante parmi les autres fonctionnalités tout en économisant la pose de tuyau.

L’utilisation de capteurs et d’outils numériques peut également permettre une gestion plus efficace des réseaux d’assainissement :

  • Surveillance en temps réel des débits et des niveaux d’eau
  • Modélisation hydraulique pour anticiper les risques d’inondation
  • Pilotage à distance des ouvrages de régulation
  • Optimisation de la maintenance des réseaux

Ces technologies contribuent à une meilleure résilience des systèmes d’assainissement face aux événements pluvieux intenses.

Les enjeux actuels du zonage d’assainissement

Le zonage d’assainissement doit aujourd’hui répondre à plusieurs défis majeurs :

Adaptation au changement climatique

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements pluvieux extrêmes nécessite une révision des zonages pour intégrer ces nouvelles contraintes. Les collectivités doivent anticiper ces évolutions en favorisant le déraccordement des eaux de pluie pour les infiltrer au plus près du point de chute.

Protection des milieux aquatiques

La préservation de la qualité des eaux superficielles et souterraines est un objectif prioritaire. Le zonage doit contribuer à limiter les rejets polluants et à favoriser les solutions de traitement efficaces ainsi que la réutilisation de l’eau traitée.

Maîtrise des coûts

Les investissements nécessaires à la mise en œuvre des zonages d’assainissement sont souvent importants. Les collectivités doivent trouver un équilibre entre performance environnementale et soutenabilité financière.

L’impact économique et social du zonage

L’élaboration et la mise en œuvre d’un zonage efficace génèrent des retombées économiques et sociales significatives pour les territoires concernés, comme tout document de planification et permet aux élus de gouverner en prévoyant plutôt qu’en réparant.
Enfin, disposer de suffisamment d’eau de pluie en période estivale est aussi et tout simplement vital pour tout territoire.

Valorisation immobilière et attractivité territoriale

Un cours d’eau, plan d’eau, mer, nappe non polluée constitue un facteur d’attractivité pour un territoire. Les zones correctement équipées bénéficient généralement d’une plus-value immobilière par rapport aux secteurs moins bien desservis. Cette valorisation s’explique par plusieurs facteurs :

  • Sécurité sanitaire garantie pour les résidents
  • Résilience face aux épisodes de sécheresse
  • Réduction des risques environnementaux (pollution, inondation)
  • Confort d’usage pour les habitants
  • Conformité réglementaire facilitée pour les propriétaires

Pour les collectivités, l’investissement dans les infrastructures d’assainissement ou dans les bons types d’aménagements de gestion intégrée des eaux pluviales représente donc un levier de développement économique et d’aménagement du territoire.

Équité territoriale et justice sociale

La question de l’équité dans l’accès aux services d’assainissement est centrale. Les disparités de coûts entre assainissement collectif et non collectif peuvent créer des inégalités entre citoyens :

  • En zone collective : redevance d’assainissement et participation au financement du réseau
  • En zone non collective : investissement initial important et frais d’entretien réguliers

Les collectivités doivent donc veiller à la cohérence de leur politique tarifaire et prévoir des dispositifs d’accompagnement pour les ménages les plus vulnérables.

L’intégration du zonage d’assainissement dans une démarche d’urbanisme durable

Le zonage d’assainissement ne doit pas être considéré comme un document technique isolé, mais comme un élément structurant de l’aménagement urbain durable.

Articulation avec les documents d’urbanisme

Pour garantir une cohérence territoriale, le zonage d’assainissement doit s’articuler harmonieusement avec :

  • Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) ou PLU intercommunal
  • Le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT)
  • Le Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET)
  • Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE)

Cette intégration permet d’anticiper les besoins en équipements et de conditionner l’ouverture à l’urbanisation de nouveaux secteurs à la capacité des réseaux et des milieux récepteurs.

Vers une approche multifonctionnelle des espaces

La gestion intégrée des eaux pluviales offre l’opportunité de développer des aménagements multifonctionnels qui combinent plusieurs usages dont quelques-uns sont présentés ci-dessous :

  • Fonction hydraulique: gestion des eaux pluviales
  • Fonction écologique: création d’habitats favorables à la biodiversité
  • Fonction paysagère: amélioration du cadre de vie
  • Fonction récréative: espaces de détente et de loisirs
  • Fonction climatique: lutte contre les îlots de chaleur urbains

Par exemple, un bassin de rétention peut être conçu comme un espace vert inondable qui sert également de parc urbain en période sèche.

Participation citoyenne et acceptabilité sociale

L’efficacité du zonage d’assainissement repose en grande partie sur son acceptation par les habitants. La participation citoyenne ne doit pas se limiter à l’enquête publique réglementaire, mais s’inscrire dans une démarche plus large de concertation :

  • Organisation d’ateliers participatifs
  • Création d’instances de dialogue
  • Programmes de sensibilisation et d’éducation
  • Accompagnement des changements de pratiques

Cette implication des usagers contribue à une meilleure appropriation des enjeux et des solutions, et favorise l’adoption de comportements vertueux (économie d’eau, limitation des rejets polluants, etc.).

FAQ sur l’hydraulique urbaine et le zonage d’assainissement

Le zonage est consultable en mairie ou sur le site internet de la commune. Il est généralement annexé au plan local d’urbanisme (PLU).

En zone d’assainissement collectif, les propriétaires doivent se raccorder au réseau public. En zone d’assainissement non collectif, ils doivent installer et entretenir un dispositif individuel conforme. Au niveau des eaux de pluie, il peut permettre d’utiliser l’eau de pluie pour différents besoins, obliger à la valoriser sur la parcelle en déraccordant du tuyau public afin que dans un effort collectif tout le territoire soit plus résilient face aux inondations.

Oui, le zonage peut être révisé pour s’adapter aux évolutions du territoire, aux nouvelles contraintes techniques ou réglementaires. Cette révision suit la même procédure que l’élaboration initiale.

Les travaux d’extension du réseau public des eaux usées sont financés par la collectivité, via le budget du service d’assainissement donc également par la facture d’eau des propriétaires. Les propriétaires financent le raccordement de leur habitation au réseau.

Le SPANC effectue des contrôles périodiques des installations. En cas de non-conformité, le propriétaire dispose d’un délai pour réaliser les travaux nécessaires.

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